TURQUIE

Madame Bricq  est-elle  une ministre Diplomate ou une VRP nucléocrate?


"Nucléaire civil: la Turquie et la France reparlent de coopération"- 16/01/2013 

SOURCE AFP

Lors de sa visite à Istambul, la ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq, a abordé ce sujet avec le ministre turc de l'Energie, Taner Yildiz. La Turquie projette de construire trois centrales nucléaires d'ici à cinq ans.

Le ministre turc de l\'Energie Taner Yildiz accueille Nicole Bricq. - AFP
Le ministre turc de l'Energie Taner Yildiz accueille Nicole Bricq. - AFP
La Turquie et la France vont relancer leurs discussions en matière d'énergie nucléaire civile, alors qu'Ankara envisage la construction de trois centrales dans les cinq prochaines années, a annoncé mercredi à Istanbul le ministre turc de l'Energie Taner Yildiz qui recevait son homologue française du Commerce extérieur, Nicole Bricq. « Nous nous sommes entretenus avec le ministre des importants projets de la Turquie en matière d'équipements nucléaires nucléaire. La France a une filière d'excellence en la matière (...) il est bien normal que nous ayons ces discussions », a déclaré la ministre à l'issue d'un entretien avec M. Yildiz. « J'écoute les besoins de la Turquie et j'y réponds (...) ce que nous souhaitons, c'est que la Turquie soit dotée de la meilleure technologie, la plus sûre, nous savons le faire », a-t-elle ajouté.La Turquie projette de construire trois centrales nucléaires d'ici cinq ans pour réduire sa dépendance en énergie à l'étranger. Elle a conclu un accord en 2010 avec la Russie pour construire une première centrale à Akkuyu, dans la province de Mersin (sud). Ankara doit attribuer avant la fin du mois la construction d'une deuxième centrale, pour laquelle la Chine, le Canada, le Japon et la Corée du Sud sont en concurrence. La coentreprise Atmea détenue par les groupes français Areva et japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) a récemment indiqué son intention de participer à l'appel d'offres pour la construction de la troisième centrale turque.

Signal politique

Depuis une dizaine d'années, les relations diplomatiques entre Paris et Ankara ont traversé plusieurs crises, alimentées notamment par le vote de lois françaises qui reconnaissent le génocide arménien ou répriment sa négation. Des tensions qui ont affecté l'activité des entreprises tricolores en Turquie, notamment lors de l'attribution des grands contrats d'Etat.
D'où l'insistance de Nicole Bricq à répéter hier comme aujourd'hui à ses interlocuteurs, que sa première visite dans leur pays constitue un « signal politique » de la part du nouveau président français François Hollande, après les relations tendues qu'entretenait son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, avec Ankara. L'ex-président français était notamment fermement opposé à l'adhésion de la Turquie à l'Europe. En juin dernier, c'est-à-dire au lendemain de l'élection de François Hollande, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, avait levé les sanctions prises contre la France .
SOURCE AFP




La Turquie comme interface entre l’Europe et le Proche-Orient

Mardi 26 avril 2011, par Bernard Soulage et Hélène Flautre
Au moment où les révoltes populaires contre des régimes autoritaires s’étendent dans tout le monde arabe, l’Union Européenne est placée devant un choix stratégique concernant son avenir et l’image qu’elle donnera au reste du monde.
Devra-t-elle continuer à ignorer la candidature turque au risque de perdre une opportunité majeure d’enfin peser dans l’espace méditerranéen et sur la scène internationale ? Ou bien aura-t-elle enfin le courage d’affirmer son histoire commune avec ce pays et d’ainsi transmettre un message fort aux autres pays du pourtour méditerranéen, que ce soit l’Afrique du Nord, le Proche ou le Moyen-Orient ?
La Turquie est la seule République démocratique en place dans un pays traditionnellement musulman autour de la Méditerranée. Elle constitue donc une "source d’inspiration" pour les sociétés civiles des pays arabes qui se mobilisent et aspirent à la démocratie et au respect des droits de l’Homme. Ce rôle particulier n’est cependant pas sans lien avec sa vocation européenne et son statut de candidat à l’adhésion.
Economiquement dynamique, politiquement indépendante et régionalement puissante, une Turquie démocratique dans l’Union européenne est une source d’inspiration pour l’ensemble des pays actuellement en voie de transition alors même que les négociations d’adhésion avec l’UE sont dans une impasse.
Nos responsabilités partagées sont lourdes. Si les populations qui manifestent feront souverainement le choix de l’avenir de leurs sociétés, il est plus que jamais primordial que le projet européen incarne une promesse de démocratie comme il est primordial que la Turquie achève sa promesse de démocratisation.
Dans une Europe où les minorités sont largement discriminées, une adhésion turque jouerait comme un signal profond et attendu pour rappeler que l’Union européenne n’est pas un club chrétien refermé sur lui-même et sur le passé. Avec l’entrée à terme de la Turquie dans l’UE, il s’agit non seulement de retrouver un passé commun mais aussi de construire un projet européen ambitieux.

C’est dans ce moment de doutes sur elle-même que l’UE questionne l’adhésion de la Turquie mais que la Turquie questionne également son envie à faire partie d’une UE en manque de perspective.

Les questions soulevées par l’adhésion de la Turquie à l’UE sont symptomatiques d’une UE qui doute d’elle-même.
A travers son évocation, se cristallisent des questions qui sont fondamentalement celles de l’UE (identités, cultures, définition du projet européen, de son rôle et de sa place dans le monde de demain) et auxquelles il devient urgent de répondre. Mais la Turquie ne se limite pas à n’être qu’un révélateur de l’incapacité des Etats membres à penser et à projeter l’UE. C’est surtout une société jeune en pleine ébullition économique, culturelle et intellectuelle qui prend conscience d’elle-même et de son potentiel.

Pour que les atermoiements sans fin de l’Union européenne ne poussent pas définitivement la Turquie à se distancier du projet européen, nous invitons les Etats membres à faire dès aujourd’hui le calcul du coût d’une non-adhésion qui serait imputable à un processus de négociation injuste : entre perte de crédibilité et rancœur, il y a fort à parier que cette erreur pèserait lourdement sur l’avenir de l’UE dans la région.

Il est ironique de voir que la candidature de la Turquie soit finalement le plus virulemment rejetée par le pays européen qui lui ressemble le plus. La France et la Turquie ont en commun une même conception de la laïcité, de l’Etat - fort et centralisé - et d’importantes ambitions géostratégiques.

C’est pour des raisons de politique intérieure que la crédibilité et la capacité décisionnelle de l’UE sont unilatéralement remises en question par des Etats membres. C’est inacceptable pour le projet européen, malhonnête vis-à-vis de notre partenaire et incohérent quant aux politiques que l’UE entend mener en Turquie, notamment en matière de respect des droits de l’Homme.
Certes, la Turquie doit encore faire des progrès importants pour adhérer à l’Union européenne : le problème chypriote doit être réglé équitablement pour les deux parties, le droit des femmes, des minorités, la liberté de la presse et l’indépendance de la justice doivent être renforcés et la question kurde réglée. Les récentes réformes constitutionnelles sont éloquentes et les réformes doivent se poursuivre pour aboutir notamment à une nouvelle constitution civile qui abandonne la consécration d’une citoyenneté ethno-confessionnelle. Au lieu de capitaliser sur cet élan positif et de l’accompagner, le Conseil de l’Union européenne, sous influence française et chypriote, se montre d’une intolérable fermeture. L’Europe doit certes se montrer exigeante dans ces négociations sur l’acquis communautaire, mais elle ne peut bloquer le processus et ces deux pays doivent permettre l’ouverture de nouveaux chapitres dès cette année.
Gageons que l’UE saura, dans le contexte actuel, mieux prendre en compte les aspirations des pays du Sud de la Méditerranée et leur proposer un partenariat satisfaisant les exigences de développement, de stabilité et de prospérité des deux côtés de la Méditerranée. 
Une Turquie dans l’Union serait le trait d’union entre un Occident qui risque de se refermer sur lui-même et une tumultueuse et jeune Afrique du Nord qui certes, a encore beaucoup de chemin à parcourir, mais sans laquelle, demain, l’UE n’aura pas d’avenir.

- Hélène Flautre, députée européenne Europe Ecologie-Les Verts, est aussi co-présidente de la Commission Parlementaire Mixte UE-Turquie

- Bernard Soulage, membre du Comité des Régions d’Europe, président du groupe de travail UE-Turquie

Sources

Source : Le Monde, le 22 avril 2011





Accord d’Angora : nouveau départ pour l’amitié franco-turque 

Il y a quatre-vingt dix ans, avec l’Accord d’Angora, ou Accord Franklin-Bouillon, la France était la première puissance de l’Entente à reconnaître le gouvernement de la Grande Assemblée Nationale de Turquie, dirigé par son président Mustafa Kemal ainsi que la validité du Pacte national.
Mustafa Kemal et Henry Franklin Bouillon à Ankara en juin 1921
Cet accord signé le 20 octobre 1921 par le Ministre des Affaires étrangères du gouvernement de la Grande Assemblée nationale de Turquie Yusuf Kemal (Tengirşenk) et l’envoyé spécial du gouvernement français Henry Franklin-Bouillon mit fin immédiatement à l’état de guerre entre la France et le Gouvernement de la Grande Assemblée nationale de Turquie. Il entérinait la renonciation par la France à la « zone d’influence » de Cilicie qu’elle avait obtenue par le Traité de Sèvres (10 août 1920), conformément aux Accords Sykes-Picot de 1916.
Les soldats français à Tarse en 1919
La voie d’une « paix brave » fut ouverte par la reconnaissance par l’opinion publique française de la légitimité du Mouvement national turc et son incompréhension devant les pertes humaines et financières engendrées par la Campagne de Cilicie conduite par l’armée du général Gouraud. La résistance des populations fit beaucoup pour cette prise de conscience : Şanlı (courage) Urfa et Gazi (victorieuse) Antep furent renommées pour rendre hommage à leur héroïsme.
Alors que l’Entente ne reconnaissait auparavant que le gouvernement du Sultan Mehmet VI, les gouvernements de Georges Clemenceau (1917-1920) puis d’Aristide Briand (1921-1922) décidèrent de conclure une paix séparée avec le gouvernement de la Grande Assemblée Nationale de Turquie.
L'Etat-major du général Julien Dufieux, commandant de la 156ème Division, ou "Armée de Cilicie" en 1920
Arrivé à Angora le 9 juin 1921, Henry Franklin-Bouillon, le négociateur français, sut rapidement nouer des relations d’amitié et de respect avec le Gazi Mustafa Kemal et son Ministre des Affaires extérieures Yusuf Kemal Bey. Cinq mois plus tard, l’Accord mettait fin à un état de guerre qui avait duré pendant presque sept ans.
La France ouvrait ainsi la voie à la reconnaissance internationale de la Turquie nouvelle. Par le Traité de Lausanne (24 juillet 1923), les Puissances alliées reconnurent la légitimité du Gouvernemet de Mustafa Kemal. La République de Turquie naquît le 29 octobre 1923.
Le Gazi Mustafa Kemal et Henry Franklin Bouillon à Ankara en octobre 1921
Avec l’Accord d’Ankara, malgré les tourments de la Première Guerre mondiale, la France et la Turquie pouvaient enfin renouer le fil de leur amitié multiséculaire.
Le Gazi Mustafa Kemal, Henry Franklin Bouillon, Ismet Pacha et Yusuf Kemal Bey à Ataşehir en avril 1922
Comme l’écrit Yusuf Kemal Bey dans sa lettre du 28 octobre 1921, cet accord eut pour but de « rétablir et consolider les relations étroites qui ont existé par le passé entre les deux nations ».
“ Le Gouvernement de la République Française et le Gouvernement de la Grande Assemblée Nationale de Turquie désireux de conclure un accord entre les deux pays… ”
“ Les Hautes Parties Contractantes déclarent que dès la signature du présent accord l’état de guerre cessera entre elle ; … ”
“ Article IX
Le tombeau de Suleiman Chah, le grand-père du Sultan Osman, fondateur de la dynastie ottomane (tombeau connu sous le nom de Turc-Mezari) situé à Djaber-Kalessi restera, avec ses dépendances, la propriété de la Turquie, qui pourra y maintenir des gardiens et y hisser le drapeau turc.”
“Excellence,
Je me plais à espérer que l’accord conclu entre le Gouvernement de la Grande Assemblée nationale de Turquie et le Gouvernement de la République Française en vue de réaliser une paix définitive et durable aura pour conséquence de rétablir et de consolider les relations étroites qui ont existé dans le passé entre les deux nations, le Gouvernement de la République Française s’efforçant de résoudre dans un esprit de cordiale entente toutes les questions ayant à trait à l’indépendance et à la souveraineté de la Turquie.”
“En outre le Gouvernement Turc est prêt à examiner avec la plus grande bienveillance les autres demandes qui pourraient être formulées par des groupes français relativement à la concession des mines, voies ferrées, port et fleuves, à condition que les dites demandes soient conformes aux intérêts réciproques de la Turquie et de la France.
D’autre part la Turquie désire profiter de la collaboration des professeurs spécialistes français dans ses écoles professionnelles.”
“Youssouf Kemal Bey Ministre des Affaires Etrangères du Gouvernement de la Grande Assemblée nationale de Turquie est autorisé à entrer en pourparlers avec le Délégué du Gouvernement de la République Française afin de régler un certain nombre de questions intéressant les deux pays.
A ce titre il a pouvoir de signer ad référendum un accord précisant les conditions de ce règlement.”
Henry Franklin-Bouillon (1870-1937)
Journaliste, Henry Franklin-Bouillon découvrit la Turquie au cours de la Guerre des Trente Jours entre la Grèce et l’Empire ottoman (1897). Député radical-socialiste en 1910, engagé volontaire pendant la Première Guerre mondiale, Ministre d’Etat en 1917. Il est envoyé par le gouvernement d’Aristide Briand en mai 1921 à Ankara pour signer un accord avec le gouvernement de la Grande Assemblée Nationale.
Youssouf Kemal Tengirşenk (1878-1969)
Professeur, juriste (diplômé de la Faculté de droit de Paris) et diplomate, élu du Parlement ottoman en 1908, combattant de la Première Guerre Mondiale, ayant rapidement rejoint la Grande Assemblée Nationale de Turquie. Yusuf Kemal Bey est nommé Ministre des Affaires extérieures du gouvernement de la Grande Assemblée Nationale de Turquie en mai 1921 (il le sera jusqu’en octobre 1922). Parfait francophone, il négocie et signe avec Henri Franklin-Bouillon le Traité d’Ankara en 1921. Il devient par la suite Ministre de la Justice de la République de Turquie de 1930 à 1933.
Henri Gouraud (1867-1946)
Brillant officier de la Coloniale, blessé lors de la Bataille des Dardanelles en 1915, il est nommé en 1919 comme Haut-commissaire de la République en Syrie et en Cilicie et commandant en chef de l’Armée du Levant par Georges Clémenceau. Après son départ de Syrie en 1922, il sera par la suite Gouverneur Militaire de Paris.

- La France et la Turquie : dix grands moments de la relation bilatérale

- 1525
François Ier étant fait prisonnier à la bataille de Pavie, la régente Louise de Savoie envoie une Ambassade pour solliciter le soutien du Sultan Soliman le Magnifique.
- 1535-1562
Jean de la Forest est le premier Ambassadeur de France résidant à Istanbul en 1535. Il ouvre la voie au Traité d’Alliance conclu entre François Ier et Soliman le Magnifique l’année suivante. Cette alliance sera concrétisée par une série de campagnes communes entre 1536 et 1559.
- 1673-1715
Alliance franco-ottomane sous le règne de Louis XIV. Le Sultan Mehmed IV reconnaît à la France le rôle de protecteur des catholiques de l’Empire ottoman en 1673. Mehmet Effendi établit à Paris la première Ambassade ottomane permanente de l’histoire de la diplomatie ottomane en 1720.
- 1805-1812
Alliance franco-ottomane initiée par Selim III et Napoléon Ier. Le Général Sébastiani, Ambassadeur de France à Istanbul, organise la défense de la capitale ottomane contre les Britanniques le 19 février 1807.
- 1852-1870
Alliance entre l’Empire français de Napoléon III et l’Empire ottoman d’Abdülmecid Ier puis d’Abdülaziz, concrétisée lors de la guerre de Crimée (1853-1856), qui aboutit au Traité de Paris le 30 mars 1856. En 1867, le Sultan Abdülaziz effectue ure visite en France à l’occasion de l’Exposition universelle. L’année suivante, l’école impériale de Galatarasay est transformée en Lycée impérial où l’enseignement se fait en français. En 1869, l’Impératrice Eugénie effectue une visite de retour au Sultan Abdulaziz à Istanbul.
- 20 octobre 1921
Signature des Accords Franklin-Bouillon (Accord d’Angora).
- 1938-1939
Suite à une consultation populaire, le Sandjak d’Alexandrette, sous mandat français, se constitue en République du Hatay en septembre 1938. Le Parlement du Hatay vote en février 1939 son rattachement à la Turquie, effectif le 23 juin 1939.
- 27 octobre 1968
Visite du général de Gaulle, président de la République française, à Ankara et Istanbul.
- 14 avril 1992
Visite en Turquie de M. François Mitterrand, président de la République française et signature d’un accord de coopération instituant l’Université Galatasaray.
- 1er juillet 2009-6 avril 2010
Saison de la Turquie en France.

publié le 06.02.2013

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.